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Mora Venise au cinéma

22 février 2016

Avé César ! de Joël et Ethan Coen (USA, 2015)

avecesarSamedi 20 février 2016, l'Escurial.

Le kidnapping d'une grande vedette masculine dans les studios hollywoodien en 1950 sert de prétexte à un film façonné crazy quilt. Les frères Coen démontrent tout leur savoir-faire, ainsi que les acteurs et figurants, pour nous proposer un pastiche réussi de tout ce que le cinéma américain a pu produire durant cet âge d'or dans la gamme "divertissement" : western, péplum, ballet aquatique, comédie musicale ou drame romantique, sur fond de maccarthysme et de guerre froide. Pourtant, cela tourne un peu en rond, à l'image des naïades dans leur piscine de studio. Quelques scènes très drôles cependant, mais le manque de profondeur du scénario fait que l'on oublie tout dès la sortie de salle. Les frères Coen ont fait mieux pour nous livrer des chroniques grinçantes et pleines d'humour de certaines périodes de l'histoire américaine. Dommage.

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19 février 2016

Les innocentes, d'Anne Fontaine (France, Pologne, 2015)

lesinnocentesJeudi 18 février 2016, UGC Odéon.

Film tourné en Pologne, qui reconstitue les faits tragiques survenus dans un couvent au moment de la libération du territoire par l'armée russe, durant les derniers mois de la Seconde guerre mondiale. Une jeune femme de la Croix Rouge française est sollicitée dans le plus grand secret pour procéder aux accouchements de religieuses. Souple et discrète, la caméra est souvent au plus près des visages, et parvient à nous transmettre tous les frémissements intérieurs, déchirures et doutes, des personnages. De même, nous percevons toutes les respirations et les défroissements des petits corps qui émergent au monde un à un, et qui sont les autres innocents du film. C'est la grande réussite de ce film attentif et attentionné dont la fin déçoit malheureusement quelque peu. Le dernier quart d'heure n'est en effet pas à la mesure de tout ce qui a été donné à voir et à ressentir tout au long de la projection, il nous laisse sans questionnement avec une sorte d'arrière-goût de scénario bâclé, de happy end facile auquel il est impossible d'adhérer. Que dire aussi de la présence de Vincent Macaigne en contre emploi, dans le rôle d'un médecin juif dont toute la famille a été exterminée, qui ne convaint guère... De grandes qualités malgré tout, avec de très bonnes interprètes féminines, Agatha Buzek en particulier.

18 février 2016

El Clan, de Pablo Trapero (Argentine, Espagne 2015)

el clanMardi 16 février 2016, MK2 Odéon-Saint-Germain.

1980-1985 : transition politique en Argentine, des années de dictature à la démocratie. Quelques images d'archives en tout début de film nous permet d'entendre le fragment d'un discours du président Raul Alfonsin, qui vient d'être élu et déclare vouloir tout mettre en oeuvre pour pourchasser ceux qui jusque-là s'étaient adonnés à la violence et au crime en toute impunité. Devant l'écran de télévision, une famille de la classe moyenne écoute distraitement tout en vaquant à ses occupations, vaisselle et devoirs d'école, sur fond de hurlements étouffés par l'épaisseur des murs. Cette famille, c'est le "clan", que dirige d'une main de fer un patriarche au physique de petit bourgeois anodin. Agent des services de renseignements sous la dictature du "colonel", Arquímedes Puccio est à n'en pas douter un serviteur zélé qui peut en contrepartie s'adonner à des enlèvements contre rançon. Il kidnappe, tue (ou plutôt fait tuer) et s'enrichit avec la protection des autorités.

Guillermo Francella interprète de façon ébouriffante ce patriarche indigne, redoutable d'insignifiance et propre sur lui, qui exerce d'un air patelin une autorité écrasante sur son fils aîné, Alejandro, pour l'entraîner à sa suite. Tour à tour bonhomme et inquiétant, ce manipulateur courtois et vipérin, mégalomane et paranoïaque, incarne à lui seul toute la crapulerie exécutrice des basses oeuvres de toutes les dictatures, et sait utiliser à ses propres fins les âmes trop faibles pour lui résister. Cet excellent film, qui relate des faits réels, parvient à utiliser avec bonheur une distance qui permet au spectateur de suivre la narration sans haut-le-coeur, compte tenu de l'atrocité des faits. L'ensemble distille une formidable énergie et est excellemment interprété. 

 

18 février 2016

Le trésor, de Corneliu Porumboiu (Roumanie, 2015)

le tresorLundi 15 février 2016, MK2 Odéon-Saint-Michel.

Humour tendre et pince-sans-rire. A Bucarest, deux voisins de palier désargentés, dont un sur le point d'être expulsé de son logement, décident de partir à la recherche du trésor que le grand-père de l'un d'entre eux aurait dissimulé à la campagne, dans son jardin, avant l'arrivée au pouvoir des communistes. Une grande sobriété de ton pour illustrer cette situation extrême : des cadrages dépouillés, à l'image des intérieurs aux couleurs presque ternes, des personnages tellement dignes qu'ils en sont presque désincarnés, tempérants même dans la colère ou le désespoir, cocasserie des situations esquissées dans la finesse, on croirait presque voir par moments sur l'écran la case d'une bande dessinée aux lignes claires qui s'animerait. Un moment de cinéma très sympathique.

18 février 2016

La terre et l'ombre, de César Augusto Acevedo (Colombie, 2015)

la terre te lombreSamedi 6 février 2016, MK2 Odéon-Saint-Michel.

Quel ennui ! Une envie démangeante de quitter la salle au bout de dix minutes à peine, impossible d'entrer dans le film, et pourtant je dois reconnaître que c'est tout de même bien meilleur que Mia Madre...

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18 février 2016

Morocco, de Joseph Von Sternberg (USA, 1930)

moroccoVendredi 5 février 2016, la Filmothèque.

Le noir et blanc chatoyant de Joseph Von Sternberg, c'est la garantie de retrouver Marlene Dietrich sublimée comme personne ne sut le faire. La voici donc, blondeur vaporeuse, perfection lisse jusque dans l'audace, avec Gary Cooper en prime, tous deux au sommet de leur beauté - s'il est possible d'arrêter une date en la matière, pour ces deux icônes. On attend donc que le rideau s'entrouve et que commence la séance, avec l'impatience d'un enfant qui attend l'arrivée du Père Noël devant un sapin chamarré, et l'on n'est pas déçu. Chef d'oeuvre immortel.

18 février 2016

Les premiers, les derniers de Bouli Lanners (Belgique, 2015).

les premiers les derniersDimanche 31 janvier 2016, UGC Ciné-Cité Les Halles.

Bouli Lanners est un homme généreux. Il filme les pérégrinations de malfrats sans envergure et de laissés pour compte, simples d'esprits et vagabonds, qui croisent sur leur route un Christ à dégaine de SDF, dans un format qui n'aurait rien à envier au cinémascope. Dans ce film en couleur, les paysages sont cadrés dans une violence de contrastes qui n'auraient rien non plus à envier au noir et blanc. C'est la Beauce, mais quelle Beauce ! Telle qu'on ne pourrait pas l'imaginer, elle est sublimée comme un paysage du grand Ouest américain, sillonnée par des pick-ups conduits à toute allure. Un film sur l'importance de l'amitié, de la rencontre, de l'entraide et du respect que l'on doit aussi bien aux morts qu'aux vivants pour gagner sa dignité d'être humain, de la foi nécessaire aussi pour traverser les épreuves, le tout distillé d'humour et de gravité.

18 février 2016

45 ans, d'Andrew Haigh (Grande-Bretagne, 2015)

45 ansDimanche 31 janvier 2016, UGC Ciné-Cité Les Halles.

Kate et Geoff (Charlotte Rampling et Tom Courtenay), deux paisibles retraités de la classe moyenne anglaise, s'apprêtent à fêter leurs 45 années de mariage lorsque Geoff apprend que le corps de son amour de jeunesse, disparue dans une crevasse des Alpes 5O ans plus tôt au cours d'une randonnée, vient d'être retrouvé. L'équilibre du couple vacille alors, avec des questionnements douloureux pour chacun, torturants pour l'épouse qui s'appréhende désormais comme la femme de "second choix". Presque une chronique silencieuse, qu'interrompt seulement la sollicitude des phrases banales du quotidien, celles-là même qui soudent la routine ordinaire de deux êtres censés ne plus rien ignorer rien de l'autre après des décennies de vie commune. Tétanisée, lentement et irrémédiablement brisée, Kate voit émerger tout un pan obscur de la vie de son vieux compagnon, l'ubac de sa jeunesse d'avant leur rencontre, celui où rayonnait sa rivale décédée, une autre Kate. Extraordinaire Charlotte Rampling dans un film poignant d'une grande subtilité.

29 janvier 2016

Seuls les anges ont des ailes, d'Howard Hawks (USA, 1939)

seuls les angesLundi 25 janvier 2016, la Filmothèque du Quartier Latin.

Hommage aux braves, les aviateurs de l'aéropostale qui affrontèrent voici plusieurs décennies toutes les intempéries pour livrer le courrier dans leurs coucous bringuebalants. Les scènes d'aviation sont impressionnantes, et le genre "comédie dramatique" prend ici tout son sens. Vif, drôle et émouvant, dans les situations comme dans les dialogues, ce film alerte et viril, pensif aussi parfois, fait alterner toutes les scènes qui donnent à la vie la peine d'être vécue pour que les vivants parviennent à grandir en humanité. Les comédiens, Cary Grant, Rita Hayworth, Jean Arthur... et tous les seconds rôles, explosent de beauté et de talent.

29 janvier 2016

Ecrit sur du vent, de Douglas Sirk (USA, 1956)

ecrit sur du ventLundi 25 janvier 2016, Filmothèque du Quartier Latin.

Mélodrame amoureux au Texas, au milieu de l'Amérique prospère et corsetée des années 50. Distribution épatante dans un univers aussi irréel qu'un dessin animé tel que ceux produits par Walt Disney à la même époque. Dans ce cadre lisse et coloré, Robert Stack et Dorothy Malone font tache, en incarnant le frère et la soeur tourmentés, progéniture d'un magnat du pétrole (qui a d'ailleurs une vague ressemblance avec Walt Disney). Rock Hudson et Laureen Bacall quant à eux sont les figures de la réussite de cette Amérique bien-pensante. Figée et inexpressive, dénuée de toute sensualité, Laureen Bacall suscite la passion des deux hommes, ce qui provoque déjà une forte interrogation... Dorothy Malone, nymphomane volcanique, ne provoque que mépris, rejet ou indifférence. Au milieu de scènes d'un romantisme pudibond à l'extrême, les problèmes sexuels des protagonistes ne cessent d'être évoqués dans les décors. Derricks qui hérissent le paysage, tiges de forage en plein centre-ville, anthuriums rouges éclatants, petit garçon chevauchant frénétiquement son cheval à bascule, tout évoque la passion refoulée ou exacerbée. Douglas Sirk était vraiment un homme extraordinaire pour contourner la censure hollywoodienne d'alors de façon aussi adroite. Un film unique et épatant.

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