Voici le temps des assassins, de Julien Duvivier (France, 1956)
Noirceur en noir et blanc. Une jeune fille (Danielle Delorme), dont la mère fut autrefois l'épouse de Jean Gabin, débarque de province et sème la discorde - jusqu'au crime - dans le restaurant qu'il tient dans le quartier des Halles, "le Rendez-vous des innocents". Deux hommes, Jean Gabin et son fils de substitution - un candide étudiant en médecine auquel Gérard Blain prête ses yeux faunesques - ne tardent pas à se disputer la belle, qui se révèle rapidement être à la fois une garce redoutable et une pauvre fille, victime du milieu où elle a grandi.
Devant tant de dépravation morale (c'est la mère de la jeune fille qui la pousse dans les bras de son ex-mari) et de déchéance physique (ancienne tenancière de maison close à Marseille, la mère est une droguée au dernier degré et sa fille ne recule devant aucune impudeur pour parvenir à ses fins), le film fut interdit aux moins de 16 ans à sa sortie. Tout ceci n'est pas très gai mais se regarde avec délectation, c'est un cinéma disparu dont les situations et les personnages savoureusement typés s'adonnent à une large palette des passions humaines, des plus sombres aux plus humanistes.