Deux jours, une nuit, de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Belgique, 2014)
Jeudi 22 mai, MK2 Odéon.
Epatant comme toujours, c'est impossible d'être déçue par les frères Dardenne dont les films sont toujours brûlants d'humanité. Marion Cotillard campe le personnage principal, Sandra, une ouvrière qui sort d'une longue période de dépression et qui apprend son licenciement, monnayé contre une prime attribuée aux 16 autres ouvriers de la petite entreprise. A contre-coeur, poussée par son mari et une collègue, elle passe un week-end à tenter de les convaincre, un par un, à changer leur décision, renoncer à leur prime pour qu'elle puisse garder son travail. Chaque visite est un témoignage sobre et juste de la réalité du monde du travail d'aujourd'hui, de la difficulté de garder son emploi, de l'impossibilité de vivre avec un SMIC, du désespoir de ces travailleurs et de l'esprit de solidarité qui est sacrifié pour réussir à joindre, momentanément, les deux bouts. Les mots durs, les coups parfois, ou les simples refus, sont autant d'agressions qui restent imprimées sur le visage de Sandra, qui réussit cependant à aller jusqu'au bout de sa démarche et à retrouver la saveur du combat et de la dignité. Excellent, avec des instants de beauté pure, lorsqu'un simple rayon de soleil encadre d'un fin liseré doré les contours du visage de l'actrice, soulignant sa vulnérabilité et une émotion à fleur de peau, et dont la présence à l'écran est d'une grâce absolue quand elle est bien dirigée comme ici.