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Mora Venise au cinéma
29 mars 2014

Leçons d'harmonie, d'Emir Baigazin (Kazakhstan, Russie et Allemagne, 2013)

leçons dharmonie

Samedi 29 mars, Espace Saint-Michel.

Je poursuis ma découverte du Kazakhstan, après avoir vu "L'étudiant". Ce film-ci donne également une image très violente du pays, dans l'enceinte d'un collège cette fois, où règne la loi du plus fort, celle du jeune Bolat qui rackette avec deux acolytes tous les élèves de l'établissement. C'est une violence qui s'exerce en cascade. Bolat est lui-même sous la coupe de deux clans de "grands frères" qui se menacent et se tabassent également entre eux... Bolat n'est pas le personnage central du film, mais il subit la vengeance d'un autre collégien, Aslan, qui lui sert de souffre-douleur et qu'il tient à l'écart de tous. Au moins Aslan n'est-il pas racketté puisqu'il n'a même pas le droit d'exister, son seul statut est d'être invisible. Lui-même n'est pas un enfant très rassurant. Il est déjà passé maître dans l'art de tuer, qu'il s'agisse d'un mouton, de cafards ou de lézards, le meurtre étant la seule issue qu'il s'ingénie à trouver pour survivre dans une société sans morale, dominée par les adultes qui exerçent une violence encore pire, en toute légalité.

Une histoire terrifiante, magnifiquement interprétée par tous les jeunes acteurs. J'ai aussi souvent été épatée par la photo : de superbes cadrages et un travail de couleur d'une grande délicatesse.

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29 mars 2014

Her, de Spike Jonze (USA, 2013)

her

Vendredi 28 mars, UGC Ciné Cité Les Halles.

Theodore Twonbly, interprété par Joachim Phoenix, est un écrivain public qui ne parvient pas à se remettre de l'échec de son mariage. Il tombe amoureux d'une application virtuelle (voix de Scarlett Johansson), hyper-intelligence artificielle qui peut tout gérer à partir de son smartphone et organise sa vie à la perfection.

L'action se déroule à Los Angeles,dans un futur peut-être pas si lointain, où chacun s'imagine pouvoir accéder à une vie idéale en se murant dans une pseudo-vie virtuelle. C'est un monde parfait dont les apparences finissent par glacer, pas si éloigné de ce que nous vivons déjà actuellement. Tout le monde se croise et personne ne se parle, chacun étant trop absorbé avec son micro miniaturisé et sa petite oreillette. Mais heureusement, l'amitié existe encore...

Joachim Phoenix montre encore une fois qu'il est un acteur prodigieux, il passe par toutes les étapes de la rencontre amoureuse seul face à son ordinateur avec une crédibilité époustouflante. Le film offre un miroir pertinent de nos espoirs, de nos illusions et de nos difficultés, avec des scènes parfois pleines d'humour mais aussi souvent bouleversantes. Une histoire très originale, filmée avec des images parfois surprenantes de beauté.

24 mars 2014

Diplomatie, de Volker Schlöndorff (France, Allemagne, 2014)

diplomatie

Lundi 24 mars, UGC Odéon.

Un film classique et soigné qui se regarde avec plaisir, grâce aux prestations irréprochables de Niels Arestrup dans le rôle du général Von Choltitz, gouverneur de Paris sous l'Occupation, et d'André Dussolier dans le rôle du consul Suédois Nordling. Brutalité contre rouerie. Un huis clos tourné dans une suite de l'hôtel Meurice, émouvant puisque l'enjeu de ce face à face, qui se déroule dans la nuit du 24 au 25 août 1944, est la destruction de Paris ordonnée par Adolf Hitler, après que Berlin ait été bombardée par les Alliés. Pas de surprise mais un bon moment de cinéma honnête.

23 mars 2014

Phantom of the Paradise, de Brian de Palma (USA 1974)

phantom

Samedi 22 mars, Filmothèque du Quartier Latin.

Un de mes films cultes, que je vois en salle pour la troisième fois, mais cette fois-ci en version restaurée, numérisée. Une délectation, autant pour la musique de Paul Williams que pour l'histoire du pauvre Winslow Leach, compositeur génial qui se fait voler ses partitions par l'infâme Swan, producteur du label Death Records, qui recherche de nouveaux talents pour son Paradise, salle de concert rock où doit se produire ce qui se fait de plus décadent, pour créer l'événement. William Finley, Jessica Harper, Gerrit Graham, Paul Williams sont tous inoubliables. Grand prix du festival du film fantastique à Avoriaz en 1975, je découvre le film l'année suivante et défends depuis inconditionnellement la créativité de Brian de Palma.

23 mars 2014

Portrait of Jason, de Shirley Clarke (USA, 1967)

portrait of jason

Samedi 22 mars, Reflet Médicis.

J'avais découvert "The Connection" en septembre dernier, mais je l'avais trouvé un peu artificiel, voire complaisant avec les scènes de toxicomanie, même si je gardais bien en tête que Shirley Clarke osait à l'époque montrer pour la première fois à l'écran tout ce que la société américaine préférait ignorer.

Cette semaine, c'est "Portrait of Jason" qui sort et qui me permet de découvrir un autre aspect de son oeuvre. Jason, c'est Jason Holliday, qu'elle a filmé dans sa chambre du Chelsea Hotel pendant 12 heures d'affilée. L'homme est noir, homosexuel, comédien, et se défonce avec tout ce qui peut lui tomber sous la main, en l'occurence énormément d'alcool pendant tout le temps que dure le tournage, face à la caméra. Difficile de savoir qui est vraiment Jason car on assiste à un show continu, c'est un homme de spectacle assurément, qui se dissimule derrière un flot continu de mouvement, de parole et d'éclats de rire pour éviter à tout prix la mise à nu, même lorsqu'il évoque son enfance brutalisée ou sa tentative de suicide une nuit dans un commissariat. C'est seulement lors des ultimes minutes du documentaire, quand le caméraman le pousse dans ses retranchements en faisant mine de lui refuser son amitié que son désespoir affleure sur son visage. Le masque est tombé. Cut.

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20 mars 2014

Les chiens errants, de Tsai Ming-Liang (Taïwan, 2013)

chiens errants

Lundi 17 mars, les 3 Luxembourg.

Une succession de plans statiques parfois très longs, souvent d'une splendeur hors du commun, m'ont fait vivre une expérience sensorielle, dans la mesure où la frontière entre la salle et l'écran se trouve abolie. On vit et respire avec les personnages et c'est donc parfois éprouvant d'être confronté à la souffrance du personnage principal, un père de famille sans domicile qui élève seul ses deux enfants et qui travaille par tous les temps au bord des routes comme homme-sandwich, pour des annonces immobilières. L'acteur est extraordinaire, je pense notamment à sa performance sidérante lors de la "scène du chou" qui est digne d'une anthologie. Inoubliable. Je n'en dirai pas plus. C'est plutôt un film expérimental, à plusieurs reprises j'ai pensé qu'il pourrait faire l'objet d'une magnifique expo photo. Mais je préfère aller au cinéma pour des narrations plus traditionnelles, à l'approche moins exigeante.

17 mars 2014

Braddock America, de Jean-loïc Portron et Gabriella Kessler (France, 2013)

braddock

Samedi 15 mars, Espace Saint-Michel.

Ce documentaire a été sélectionné par l'association du cinéma indépendant pour sa diffusion (ACID), parmi la trentaine de films qu'elle finance annuellement, pour être projeté au public lors du dernier festival de Cannes, en mai 2013.

Située au nord-est des Etats-Unis, la ville de Braddock est un ancien bastion sidérurgique, aujourd'hui ville fantôme frappée par la désindustrialisation, qui lutte contre l'abandon. Les témoignages des anciens ouvriers, dignes, lucides et révoltés qui tiennent des propos pouvant être tout à la fois galvanisants et bouleversants, alternent avec des images d'archives, documents d'actualités ou films personnels amateurs, qui illustrent le contraste tragique de l'ancienne cité minière bourdonnante d'activité, fière d'oeuvrer à la puissance de l'Amérique, et de la ville actuelle désertée. Une petite communauté d'habitants lutte pour que la ville conserve sa dignité au quotidien, par l'action solidaire.

Un documentaire très important pour comprendre ce qu'entraîne la disparition des industries, le cataclysme qui survient dans d'innombrables parcours de vie. 

 

15 mars 2014

How I live now, de Kevin McDonald (GB, 2013)

how i live now

Vendredi 14 mars, UGC Odéon.

La très belle affiche du film m'avait attiré l'oeil dans le métro et comme j'avais admiré "Le dernier roi d'Ecosse" en son temps, je me suis empressée de découvrir le dernier film de Kevin McDonald.

C'est une très intéressante incursion dans le monde des adolescents, dont les jeux et les préoccupations rendent leur univers encore parallèle à celui des adultes. Je retrouve le fin visage sensible de Saoirse Ronan, aperçue dans un des multiples seconds rôles de "The Grand Budapest Hotel", qui interprète cette fois-ci le rôle principal, celui d'Elizabeth-Daisy, une jeune américaine de 16 ans anorexique et perturbée, avec une justesse épatante. Alors qu'elle est partie en vacances chez de jeunes cousins britanniques qu'elle rencontre pour la première fois, la 3ème guerre mondiale éclate et une bombe atomique pulvérise Londres et ses abords. Et voici la présence de la guerre dans la magnifique campagne anglaise, qui donne à voir quelques plans surprenants, tellement nous sommes habitués aux images de guerre mais en des pays bien plus lointains. Nos adolescents doivent affronter un quotidien bouleversé. Les adultes ne sont guère présents, sinon sous l'uniforme des militaires ou de civils inquiétants. Daisy apprend à surmonter ses peurs et grandit. C'est un parcours initiatique dans des conditions extrêmes, qui ne sont malheureusement pas toujours très bien rendues. 

Le film est loin d'être aussi fort que "Requiem pour un massacre" d'Elem Klimov, auquel j'ai forcément pensé à la fin de la séance, mais cela ne peut pas être reproché à Kevin McDonald, car c'est une mission impossible. Il reste un beau film qui contient quelques scènes réussies et parfois éprouvantes, mais pas toujours très cohérent, ce qui l'empêche de gagner en force. 

13 mars 2014

The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson (USA 2013)

GB Hotel

Mercredi 12 mars, MK2 Odéon.

L'affiche du film, très attrayante, offre le meilleur résumé du film qui tient en une succession de beaux portraits, autant de têtes d'affiches que j'ai eu plaisir à reconnaître tout du long, avec une mention spéciale pour Harvey Keitel, savoureuse apparition de taulard tatoué.

Le rythme trépidant frôle l'hystérie. Tous les petits personnages courent et se poursuivent, s'échappent d'une case à l'autre comme dans une bande dessinée au graphisme (trop) léché. Les scènes se succèdent dans une virtuosité incontestable mais c'est beau et parfait comme une bulle de savon irisée, qui éclate dès la sortie de salle et dont il ne reste rien.

Le fait que le film soit dédié à Stefan Zweig me laisse perplexe.

11 mars 2014

L'étudiant, de Darezhan Ormibayev (Kazakhstan, 2012)


létudiantSamedi 8 mars, MK2 Beaubourg.

Transposition kazakhe du roman de Dostoïevski "Crime et châtiment".

Un regard sur la vie d'aujourd'hui au Kazakhstan, à travers les yeux d'un étudiant au chômage, qui va braquer un épicier pour pouvoir payer sa logeuse. Deux sociétés se côtoient, celle des nouveaux riches et celle des humbles et des fauchés. La plus grande violence se révèle être exercée par les parvenus, toujours arrogants, toujours par pur caprice (ou pure bêtise). Pour les étudiants qui doivent déterminer quelle conduite donner à leur vie, il s'agit de choisir entre une économie de prédation et une société où l'humanité aurait encore sa place. Résumé ainsi, le film peut sembler vraiment simpliste, mais je l'ai trouvé tout de même intéressant (je ne connais pas du tout le Kazakhstan et donc j'étais heureuse de découvrir cette vision de sa société, bien que désespérée), mais le rythme lent traîne parfois en longueur. D'ailleurs j'ai fini par trouver mon siège inconfortable... Le début m'a pourtant beaucoup plu, dans sa sobriété et son humour pince-sans-rire, ses personnages laconiques, j'ai cru avoir découvert un "Aki Kaurismaki" kazakhe (qui a d'ailleurs aussi fait une adaptation de "Crime et châtiment" dans sa jeunesse). L'acteur principal, Nurlan Baitasov, a une très belle présence, puissante.

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