La rue de la honte, de Kenji Mizoguchi (Japon, 1956)
Samedi 16 mai 2015, la Filmothèque du Quartier Latin.
Cinq portraits de femmes contraintes à la prostitution dans une maison de plaisirs à Tokyo, dans le quartier de Yoshiwara, le plus souvent méprisées par une société qui ignore leur héroîsme. Car toutes sont acculées financièrement et s'investissent d'une mission pour sauver leur famille, payer une caution de justice, subvenir aux études d'un fils, pallier au chômage d'un époux ou rêver d'un destin plus conforme à la morale, qu'elles entrevoient naïvement monnayable. Aucun manichéisme dans ce film très respectueux, qu'il s'agisse des femmes ou de leurs clients, tout aussi désespérés parfois dans la poursuite du plus humain des rêves, la construction d'un foyer. Pas de misérabilisme non plus mais beaucoup de dignité dans les caractères, la seule indécence des situations étant l'indécence morale des tenanciers de la maison qui arguent de l'importance de leur rôle protecteur et social, puisqu'ils donnent une possibilité de "travail" à leurs locataires.