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Mora Venise au cinéma
29 juillet 2015

Rétrospective Paul Vecchiali, des années 1970 aux années 1980

corps à coeurDu 10 au 18 juillet 2015, au Grand Action.

Le Grand Action propose pendant plusieurs semaines une rétrospective consacrée aux films tournés par Paul Vecchiali pendant les années 70 et 80. Parmi la sélection des huit films proposés, j'en ai visionné cinq en l'espace d'une semaine afin de mieux connaître un auteur référent, selon la presse cinématographique. Commençant par Rosa la rose, fille publique (1985), tourné dans le quartier des Halles, j'ai été impressionnée par la présence et la fraîcheur de Marianne Basler, dont c'était le premier rôle important, qui incarne une jeune prostituée tombant amoureuse le jour de ses 20 ans. Cette jeune femme porte le film qui contient de très belles scènes, au temps suspendu, notamment celles du coup de foudre. J'ai été très déçue par contre par En haut des marches (1983), aux teintes fades et désuètes, avec un jeu poussiéreux et parfois outrancier de Danielle Darrieux. Très déçue car j'attendais mieux d'un film qui se déroule à Toulon au début des années 60, avec un sujet audacieux : la collaboration, la mémoire, la vengeance ou le pardon, vingt ans après. Dans la foulée, je visionne Le café des Jules (1988), tourné au Kremlin-Bicêtre, où quelques copains piliers de bistrots nous donnent une représentation immonde du Français moyen, de tout ce que le machisme ordinaire et banal peut comporter de tragiquement nauséeux et écœurant. Efficace mais insupportable, et je regrette que ne figurent que des représentants des masses populaires car il me semble que les salauds peuvent s'incarner dans toutes les couches de la société.

Mon coup de cœur va à Corps à cœur (1978), tourné aussi au Kremlin-Bicêtre le long de l'avenue d'Italie. C'est un très beau film porté par deux interprètes splendides : Nicolas Silberg et Hélène Surgère. Ce pur mélodrame nous entraine dans les méandres de la passion amoureuse qu'éprouve un jeune garagiste mélomane pour une pharmacienne beaucoup plus âgée. Les deux personnages franchissent les barrières sociales, la barrière de l'âge, et le sujet est vraiment riche et audacieux. C'est aussi la disparition d'une banlieue ouvrière qui nous est représentée. J'ai terminé par Femmes Femmes (1974), avec Hélène Surgère de nouveau et Sonia Saviange dans le rôle de deux comédiennes au chômage, car j'avais le souvenir de critiques dithyrambiques lorsqu'il fut sorti, mais l'ensemble m'est apparu très inégal. Scènes et dialogues un peu trop longs, image quelconque, mais la seconde partie, lorsque l'une des héroïnes sombre dans la dépression, est beaucoup plus intéressante et offre des situations inattendues. Paul Vecchiali n'est pas un esthète qui soigne l'image ou le cadrage, son œuvre est inégale, mais il tient une place à part pour le regard lucide qu'il porte sur les tabous de la société. Puisant dans ses économies pour parvenir à réaliser ses films avec très peu de moyens, employant d'excellents interprètes parfois totalement inconnus du grand public, il s'est acharné à construire les histoires qui lui tenaient à cœur autour de sujets courageux, avec des dialogues et des situations d'une liberté et d’une audace qui peuvent encore nous surprendre aujourd'hui.

 

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