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Mora Venise au cinéma

2 mars 2014

Tel père, tel fils, de Kore-Eda Hirozaku (Japon, 2013)


tel père tel filsMardi 25 février, Lucernaire.

Le film est sorti depuis deux mois et il est grand temps que je le découvre, c'est en plus l'occasion de retourner au Lucernaire, que je n'ai pas fréquenté depuis quelques années. Les fauteuils n'y ont pas rajeuni, et la mousse est tellement usée que l'on sent le bois des sièges. Mais ce n'est pas grave, en tout cas c'est un très bon moyen pour vérifier la qualité d'un film. Pendant toute la durée de la projection je n'ai pas été gênée par l'inconfort, captivée par ce qui se déroulait sur l'écran.

Les rapports familiaux sont dépeints avec une délicatesse et une précision, une justesse infinies. Aux questions posées, qu'est-ce qui fait un père, un fils, une mère, Kore-Eda répond en reliant les scènes et les personnages par des fils arachnéens, tout aussi ténus que solides, impossibles à rompre, d'une solidité située bien au-delà des liens du sang.

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26 février 2014

Only lovers left alive, de Jim Jarmusch (2013)


only loversCe dimanche 23 février, je pénètre enfin dans la salle du Max Linder Panorama, sur les grands boulevards. Depuis le temps que je voulais pénétrer dans cette salle qui est une des plus anciennes de Paris ! C'est tout ce que j'ai fait de bien ce dimanche car le film m'a beaucoup déçue.

Je reconnais que la musique est très bien composée, envoûtante et mortifère à souhait, elle colle parfaitement aux images, très soignées, dans une atmosphère de spleen romantique et baroque vraiment très séduisante. Mais les belles images et la belle musique ne suffisent pas à faire un bon film, en tout cas j'attendais mieux de Jim Jarmusch. Il y a quelques belles scènes, notamment l'introduction splendide qui m'a enthousiasmée et celles où les vampires boivent leur petit verre de sang comme un bon vin millésimé, montrant à la fin, extasiés, leurs jolies quenottes pointues. Les vues de Detroit la nuit, ces quartiers industriels désaffectés, cette atmosphère de ville morte, sont très réussies et m'ont fascinée. Mais cela ne fait pas beaucoup de belles prises pour un film qui dure deux heures...

Je dois dire aussi que le couple formé par Tilda Swinton et Tom Hiddleston (Eve et Adam) est superbe, mais ils "posent" bien trop souvent et ont l'air de s'ennuyer. Quant à Mia Wasikowska (Ada, la petite soeur d'Eve), elle minaude lors de dialogues insipides. Dans la chambre d'Adam, sont accrochés pourtant les portraits des grands esprits qui incarnent les plus belles créations ou les plus grandes audaces de l'esprit humain (Shakespeare, Burroughs, il y a même Iggy Pop...), mais aucun d'eux n'a semblé insuffler une miette de ce bel esprit à Jim Jarmusch pendant qu'il réalisait son film. Quel gâchis ! J'ai trouvé le film mou, sans rythme et pas convaincant, j'ai même regardé ma montre pendant la projection, ce qui m'arrive très rarement... Réveille-toi Jim !

26 février 2014

Lettre d'une inconnue, de Max Ophüls (Etats-Unis, 1942)


lettre d'une inconnueLa version restaurée de ce film de Max Ophüls était l'occasion de le découvrir enfin. Je vais donc au Champo en fin de semaine, vendredi 21 février au soir. Hélas, très fatiguée je me suis endormie en plein milieu et lorsque je me suis réveillée cette ellipse dans le récit m'a beaucoup gênée. Je ne l'ai pas apprécié comme j'aurais dû, la magie n'a pas opéré. Mais cela me pousse à lire le roman de Stefan Zweig dont le film est tiré.

Que dire donc ? Joan Fontaine est bouleversante et m'a donné envie de revoir mon Dvd de "Rebecca", d'Alfred Hitchcock. Parce que toutes ses apparitions dans la "Lettre" sont impressionnantes, quelle formidable actrice, quel visage ! Elle ne m'a pas autant marquée dans "Rebecca", et pourtant c'est un film que j'adore. J'ai découvert aussi le beau Louis Jourdan, que je ne connaissais pas du tout. Et sinon, le noir et blanc est tellement somptueux que l'on voudrait s'y noyer.

26 février 2014

L'éclat du jour, de Tizza Covi et Rainer Frimmel (Autriche, 2013)

l'éclat du jourC'est le hasard qui me conduit à voir ce film le lundi 17 février au soir, à l'Espace Saint-Michel, car mon heure d'arrivée correspond à celle de la projection. Et comme souvent, le hasard a vraiment bien fait les choses, car ce film m'a vraiment emballée, filmé entre Hambourg et Vienne avec un réalisme proche du documentaire.

Un vieil homme, Walter, retrouve son neveu Philipp, à Hambourg. En fait, il voudrait se réconcilier avec son frère, dont il est fâché depuis des décennies. Il ne reverra pas son frère mais approfondit sa relation avec son neveu. C'est la confrontation d'un ancien artiste de cirque et d'un jeune acteur de théâtre qui commence une "belle carrière", comme on dit. L'éclat du jour, je l'ai trouvé dans la personnalité simple et lumineuse de Walter, dont l'humanité transparaît dans chacun de ses actes et de ses paroles, en opposition à son neveu narcissique (mais c'est peut-être une des conditions de la réussite...) qui ne vit qu'au travers de ses rôles, dans des mises en scènes contemporaines déconnectées de la réalité, absurdes. Un film qui nous raccorde à ce qui fait la saveur de la vie, l'altruisme, l'attention désintéressée que l'onporte à l'autre, transposées dans l'humanité simple et directe, agissante, de Walter.

24 février 2014

Ida, de Pawel Pawlikowski (2012)

Ida_portrait_w193h257

Cette très belle affiche m'a intriguée dès que je l'ai vue apparaître un matin sur le quai de ma station de RER. Ensuite, il a suffi que je la découvre une seconde fois sur la couverture du "Positif" de février pour me persuader de voir le film en salle sans trop tarder.

Me voici donc, le samedi 15 février au MK2 Beaubourg. Le film est en noir et blanc, tourné dans un format carré dont on a perdu l'habitude. L'action se déroule en Pologne, en 1962. Nous voyons une jeune fille, Ida, qui s'apprête à prononcer ses voeux, mais va d'abord rendre visite à sa tante, sur l'invitation de celle-ci. Elle rencontre ainsi pour la première fois un membre de sa famille, puisqu'elle a été recueillie tout bébé dans un orphelinat et a été élevée dans une communauté de religieuses. Sa tante lui apprend qu'en réalité elle est "une nonne juive" puisque née de parents juifs assassinés pendant la guerre. Elle l'emmène sur les lieux où vécut sa famille, où elle fut cachée, puis où elle fut assassinée et enterrée, au terme d'une enquête qu'elle mène (la tante est juge d'instruction) à travers la sévère campagne polonaise. 

L'image éblouit immédiatement par sa grande rigueur et sa beauté indéniable. Visages et silhouettes sont figés ou perdus dans la géométrie des lieux (tribunal, couvent...) ou des cieux. Dans une succession de plans fixes, les personnages se débattent avec leurs douleurs ou leurs consciences, en quête d'une liberté qui ne peut exister, sinon sous la forme d'un choix, celui de l'enfermement que l'on choisit. Un film d'une grande beauté formelle mais très austère, que je ne saurais conseiller si on se sent déprimé ou s'il a plu toute la semaine...

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24 février 2014

12 years a slave, de Steve Mc Queen (2013)

12 years a slaveVu le 12 février 2014 au MK2 Odéon.

J'avais hâte de découvrir le dernier film de Steve Mc Queen, dès lors que j'ai su qu'il en avait un en préparation. Cette fois, il s'est inspiré des mémoires de Solomon Northup, afro-américain né libre qui vivait dans l'Etat de New-York, mais qui fut enlevé et vendu comme esclave en 1841, alors qu'il avait 33 ans. Son calvaire durera 12 années.

Le film a été tourné en Louisiane, avec en accompagnement la magnifique musique d'Hans Zimmer (je pense en particulier aux  formidables plans de la roue à aube qui emporte inexorablement au loin Solomon et ses frères de douleur). La densité des images, toujours en cadrage fixe, vous étreint dès le début. La révolte vous remplit aussi très vite le coeur et ne vous lâche plus. Je pense très vite à "Hunger", son premier film, une perfection qui militait par l'image, sans mots inutiles, implacablement, pour dénoncer l'enfermement et la torture faite aux corps. Le cinéma de Steve Mc Queen n'est pas fait pour faire pleurer, n'importe quel autre réalisateur fabriquerait du pathos, mais pas lui. 

Solomon Northup (interprété par Chiwetel Ejiofor) essaie dès qu'il se réveille de son sommeil forcé et qu'il découvre les chaînes qui l'enserrent, de dénoncer l'erreur dont il est victime, mais bien mal lui en prend. La scène qui suit est la plus dure du film, lorsque son geôlier/bourreau le frappe à toutes forces pour anéantir en lui la moindre parcelle de volonté et d'humanité qui pourrait subsister. Solomon incarne la détresse de tout homme à qui on tente de retirer son humanité et sa dignité. Il passe de maître en maître. Le premier, interprété par Benedikt Cumberbatch, est un homme tendre mais faible, soumis aux règles iniques qui régissent l'économie et la société d'alors. Le second est interprété de façon impressionnante par un Michael Fassbender transpirant la cruauté et la perversion sadique. Nous accompagnons Solomon dans toute sa détresse, son chagrin muet, sa volonté de survie, ses sursauts d'espoir et de révolte. Ce film formidable m'a lâchée KO à la sortie, dans la nuit, place de l'Odéon, sous une pluie d'hiver glacée et clairsemée. 

24 février 2014

Le Rayon Vert (1986) Eric Rohmer

 

affiche rayon vert

J'ai vu ce film le mardi 28 janvier 2014, au St Saint-André-des-Arts.

Ce film a été couronné par le Lion d'Or à Venise (en 1986) et illustre les vers extraits d'un poème d'Arthur Rimbaud « Ah ! que le temps vienne / Où les cœurs s'éprennent », dans la « Chanson de la plus haute tour ». C'est la seule attache littéraire car les dialogues ne sont guère écrits, Rohmer ayant demandé à ses comédiens d'improviser les scènes et les dialogues au fil des prises. Les textes ne sont donc pas ciselés comme d'habitude chez lui, mais c'est une autre saveur qui est proposée, celle de la spontanéité. Le film s’est construit au fur et à mesure du tournage. Le titre est une allusion à un phénomène optique et atmosphérique : le dernier rayon émit par le soleil couchant au bord de l'océan, qui peut prendre l'aspect d'un éclair vert par temps clair. Il permettrait, selon un groupe de personnes qui en discutent dans une scène du film, de « lire dans ses propres sentiments et dans les sentiments d’autrui» au moment où on assiste à son apparition.

Le personnage principal est campé par Marie Rivière, qui interprète Delphine, secrétaire à Paris. Elle voit son projet de vacances en Grèce tomber à l'eau lorsque l'amie avec qui elle devait partir se décommande au dernier moment. Nous la suivons de Paris à Cherbourg, puis de Paris à Biarritz dans sa recherche vaine d'une nouvelle destination, car elle ne se plait nulle part ni avec qui que ce soit. Elle vient de vivre une séparation et continue de rêver au grand amour, souffrant et se plaignant continuellement de sa solitude. Velléitaire et tourmentée, elle se comporte tout au long du film de manière à renforcer cette solitude et à s'y morfondre, s’empêtrant dans ses contradictions. Chacune de ses rencontres l’incite à une réflexion nouvelle. Chacun l’appelle en effet à vivre de façon plus simple et décontractée, pour qu'elle s’offre aux opportunités de la vie dans ce qu’elles peuvent proposer de savoureux. Il y a quelques scènes de drague hilarantes, lorsque les comédiens improvisent des jeux de séduction joyeux et frais.

Mais Delphine reste une romantique convaincue qui déclare préférer l’authenticité de la solitude dans laquelle la place son attente d’un amour vrai à la tristesse encore plus grande qui pourrait la submerger si elle se laissait aller à une rencontre d’une nuit.

Elle apprend toutefois à s’abandonner au hasard mais à son rythme, à écouter son intuition et à détecter les signaux qui jalonnent son parcours : des cartes à jouer, une enseigne d’un magasin… Pour elle, tous ces signes signifient qu’elle est sur la bonne voie et rencontrera le vrai et authentique amour. Après tout, le plus important dans la vie n’est-il pas de savoir rester ferme face aux injonctions de son entourage et de rester fidèle à soi et à ses intuitions, même si celles-ci la placent en total décalage par rapport à ce que lui souffle la société ? Il s’agit d’un apprentissage délicat qui la conduit à évoluer et à s’ouvrir tout en se respectant. Eric Rohmer nous décrit les hésitations puis les certitudes de son héroïne dans des teintes fraîches et précises, pour composer avec précision le paysage sentimental d’une jeune femme encore à la découverte d’elle-même et de sa place dans les jeux de la vie et de la séduction. 

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